Et si on parlait des kinoiseries ?

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6 avril 2023

Et si on parlait des kinoiseries ?

Dans le mélange culturel et linguistique propre à la RDC sortent des mots et expressions uniques, propres aux Kinois. Formés du français, voir même de l’anglais et du lingala, ces termes que nous qualifions des « Kinoiseries » expliquent certaines situations et qualifient certaines personnes.

La RDC est une ancienne colonie belge et la langue française est l’un des héritages qu’ont reçus les ancêtres et qui a été transmis de génération en génération jusqu’à ce jour. Premier pays francophone au monde suite à sa population estimée à 112.000.000 d’habitants, ce grand pays tenant à son actif plus de 48 millions de locuteurs du français en 2022, abritera la neuvième édition jeux de la francophonie en 2023.

Crédit photo : photographe des rues de Kinshasa

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« Dans les bruits »

« Être dans les bruits », terme utilisé pour exprimer l’attitude d’ambiance du week-end. Il détermine la localisation d’une personne qui se trouve dans un endroit bruyant (dans une fête, boîte de nuit, etc.). Rendu célèbre par l’humoriste Herman Amisi, cette expression est entrée dans le lexique kinois et compte bien y rester.

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« You will kemba »

Fondé et rendu célèbre par un interprète kinois lors d’une prédication, cette phrase contenant l’anglais et le lingala est devenue un terme courant à Kinshasa.

De l’anglais « you will » qui exprime le futur et de lingala « kemba » qui signifie endurer, souffrir ; cette phrase signifie le fait qu’on dise à quelqu’un « tu vas encore souffrir, ce n’est pas encore fini, tu vivras encore cette souffrance« . Souvent utilisée dans un cadre convivial, elle cache néanmoins une vérité, qu’est le fait qu’on avertisse quelqu’un sur quelque chose et qu’il s’entête, et quand les choses tournent au vinaigre, on lui balance « you will kemba« . On peut aussi entendre « I’m kembing« , utilisé aussi pour exprimer sa propre douleur.

« Deuxième bureau »

La polygamie n’est pas légale en RDC. Néanmoins, certains hommes considèrent et entretiennent leur maîtresse comme leur épouse à la maison, au point de leur louer un appartement ou leur acheter un véhicule. Ces maîtresses sont couramment appelées deuxième bureau, contrairement à l’épouse qui est appelée premier bureau. L’homme mène une vie de bigamie ayant deux ménages.

Crédit photo : Pexels, photographe : Maycon Marmo

« Tantine ya quartier »

À Kinshasa, toute vieille fille, femme avancée en âge ayant 38, 40 ans sans mariage, habitant encore sous le toit parental est surnommée « tantine ya quartier »(tantine du quartier). Souvent, ces femmes ont bien profité de leur jeunesse, ne se préoccupant pas de l’âge, du mariage ni même de leur avenir, n’ayant aucune carrière professionnelle, elles dépendent financièrement des gens. Par contre, les femmes de ces mêmes âges ayant un boulot stable sans mariage, ne sont pas mal vues, elles sont plutôt appelées des femmes battantes.

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« Faux momie »

Le terme momie à Kinshasa signifie femme, jeune fille. Associé à l’adjectif faux, il qualifie une femme laide, n’ayant pas ce qu’il faut à la place qu’il faut c’est à dire une belle taille. Ceci se fait souvent quand une femme ne répond pas favorablement aux attentes d’un homme qui l’approche pour une drague.

Ne se souciant pas du genre féminin du mot qui suit le mot faux, ce qui importe c’est la compréhension. On trouvera aussi des combinaisons similaires : faux chérie, faux petite.

« Prêtre »

À Kinshasa quand on parle de prêtre, les gens ne font plus trop allusion à un officier de messe, ils pensent directement à un boss, c’est-à-dire à quelqu’un qui offre de l’argent aux gens. Oui, parce que est prêtre à Kinshasa cet homme riche et qui offre de l’argent aux gens qui chantent pour lui, qui lui font des éloges. À ce mot prêtre, les kinois ont ajouté l’adjectif grand pour exprimer l’immensité de la fortune de cette personne.

À cet effet on entendra : « wana aza grand prêtre » qui veut dire en français, « celui là est un homme fortuné ».

« Bâiller »

« N’a bâiller na nga », je suis à bout, découragé… Le verbe bâiller a gagné une autre signification par la déformation involontaire de sa signification à Kinshasa. Il est utilisé depuis quelques temps pour exprimer le découragement total, l’abandon.

Toutes ces expressions font la beauté même du lingala, principale langue nationale de la RDC, car le fait qu’il soit mélangé, ça lui donne un style particulier. Mais au final, quand on est passé par le banc de l’université, on préfère respecter les normes grammaticales.

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