La chevillère, cet ornement corporel qui qualifie autrement la femme à Kinshasa

Article : La chevillère, cet ornement corporel qui qualifie autrement la femme à Kinshasa
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15 mai 2023

La chevillère, cet ornement corporel qui qualifie autrement la femme à Kinshasa

Portée par plusieurs Kinoises aujourd’hui, la chevillère est une tendance qui a pu conquérir la gente féminine à Kinshasa. Considérée par certains comme étant une fantaisie ou un simple ornement corporel comme les bagues, gourmettes ou encore boucles d’oreilles, pour d’autres la chevillère est un objet de séduction féminine lançant un message clair aux hommes. Lequel ? « Je suis une femme totalement libre, je n’ai aucun engagement avec un homme ».

On dit mille traditions, mille façons de concevoir et interpréter les choses, chaque pays a sa propre histoire concernant les chevillères. Les significations sont parfois similaires et parfois complètement opposées. Dans beaucoup des traditions africaines et même dans certaines tribus d’Asie, le port d’un bracelet de cheville évoque l’appartenance à une certaine caste ou tribu. Il se porte lors des mariages, fêtes, funérailles ou dans vie de tous les jours. En Chine par exemple, les bébés portent la chevillère dès leur naissance pour les éloigner des mauvais esprits.

Crédit photo : Pexels, photographe : Moises Ribeiro

Dans certains pays d’Afrique de l’Ouest, ces chevillères sont portées pour démontrer l’immensité de la richesse de la famille de celle qui la porte, elle varie selon les matières, on en trouve en aluminium, en argent, en bronze ou mieux en or.

À Kinshasa, la chevillère est une question de look

A Kinshasa, cet accessoire est très tendance. Ici, il n’est pas question de tribu, ni d’appartenance, ni même de telle ou telle raison, mais plutôt d’un look « cool ». La chevillère se porte aussi bien par des femmes en union libre que par les mariées. Toutefois, si le port de cet ornement corporel semble ne pas déranger celle qui le met, il choque l’opinion publique. Pour cause, pour beaucoup de gens, une femme qui met à sa cheville une chaînette a des mœurs légères, même parfois considérée comme « une prostituée ».

Cette conception découle de plusieurs raisons. Certains évoquent le fait que dans les saintes écritures (la Bible) les femmes libres, sans aucun engagement sérieux avec un homme, portaient les chevillères. Même en Egypte antique, certaines égyptiennes mettaient une chaînette à leur cheville afin de répertorier le nombre d’amants qu’elles avaient pu avoir dans leur vie. D’autres fondent leur jugement sur le mode de vie de ces kinoises qui portent ces ornements et lancent un message, soit de liberté d’esprit soit qu’elles sont réellement libres et capables d’entretenir plusieurs relations. C’est surtout cet usage qui rend beaucoup de personnes intolérantes face aux porteuses des chevillères.

Crédit photo : Pexels, photographe : Anna Tarazevich

« Une fantaisie qui embellissait mes pieds »

Aujourd’hui, les kinoises qui portent les chevillères sont victimes de moquerie, d’insultes et de préjugés. Elles sont très mal vues et condamnées pour leur apparence. Cette discrimination, liée au port de cette fantaisie à la cheville, s’excuse par rapport au comportement qu’affichent la plupart des femmes porteuses de la chevillère. Elles sont souvent fêtardes, et parfois arborent même des piercings ou des tatouages, ce qui intensifie davantage les préjugés sur elles. Pour autant, beaucoup de femmes la portent par simple plaisir ; il y a même des femmes mariées ou engagées avec un homme qui portent ces chevillères, mais dans leur cas c’est surtout pour satisfaire le fantasme ou envie de leurs époux ou compagnons.

Maria Kambwila, porteuse de la chevillère, nous explique les raisons pour lesquelles elle en porte : « La raison principale qui m’a poussée à porter une chevillère, c’est mon ex-fiancé. Il trouvait toujours beau et sexy qu’une femme porte une chaîne à la cheville, et pour le satisfaire, j’avais commencé à la mettre, ne prêtant pas attention aux dires des gens parce que déjà je vis pour moi et pas pour eux. Avec le temps j’avais pris l’habitude, je la considérais comme une fantaisie qui embellissait davantage mes pieds. Et encore même aujourd’hui après notre rupture, je porte ma chevillère, je me sens bien dedans et je vis très bien ma vie. »

Crédit photo : Maria Maba

Par ailleurs, même si Maria connaît les raisons du port de sa chevillère, beaucoup d’hommes estiment que peu importe ce qui peut pousser une femme à la porter, elle sera toujours entachée par les préjugés.

« Ma femme n’en portera pas, je ne l’accepterai jamais »

Alain Kashala, journaliste congolais, pense que les femmes sont juste belles sans ces ornements qu’il qualifie de « trop » et nous explique pourquoi sa femme n’en portera jamais : « Les femmes se compliquent la vie pour rien avec cet ornement de trop, certes elles disent qu’elles trouvent ces fantaisies jolies sur leur corps, mais sans le savoir elles s’attirent de l’antipathie des autres, ce qui n’est pas bien même si généralement elles s’en foutent. Peu importe la raison qu’une femme peut me trouver pour expliquer la présence de la chevillère sur son pied, je ne l’accepterai jamais, ce n’est pas bien, ça les dévalorise, voilà pourquoi ma femme n’en portera jamais »

Crédit photo : Maria Maba

A ce jour, très peu d’hommes portent les chevillères à Kinshasa, comme c’est le cas ailleurs. Nous sommes dans un monde immense où chacun a ses propres besoins et fantasmes, comprenez plus, tolérez plus et jugez moins.

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Commentaires

Marvinekambuila
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A well-made head bravo and courage to you my darling😘

Mejeh
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Merci ma belle 😘

Patient MADENGE
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Intéressant, merci

Mejeh
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🙏🏾🙏🏾