Hommage à ma Maman

Article : Hommage à ma Maman
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30 août 2023

Hommage à ma Maman

C’est une brave femme, une héroïne, une femme pleine de défauts, mais aussi d’énormes qualités, celle qui a su perpétrer les principes de notre père après sa mort, une vraie femme africaine ayant le cœur sur la main, une Lady D, comme l’a chanté Fally Ipupa … Cette femme, c’est Hélène, ma tendre maman !

Beaucoup d’enfants n’ont pas eu la chance de connaître leurs mamans, certains si, mais n’ont pas grandi avec leur amour suite à des différents problèmes. Moi ma mère je l’ai connu depuis son ventre, en grandissant, elle était toujours là pour nous, se sacrifiait pour mes sœurs et moi, étant une grande femme d’affaires, elle savait toujours comment concilier sa vie de mère de famille et celle de businesswoman, et rien que pour ça, je remercie le ciel.

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C’est après la mort de mon père que j’ai découvert la force intérieure de ma mère, tout ce temps, nous vivions avec une superwoman. Une femme avec un courage extraordinaire. Cela était un appui pour mes sœurs et moi, parce que les moments d’après le décès de notre papa étaient durs, des moments de calvaire qui ont duré 2 ans. Nous étions malheureusement victimes des pratiques malveillantes qui se perpètrent en RDC et en Afrique d’ailleurs, un peu plus chaque jour ; des pratiques qui consistent à ce que quand un homme meurt, que ce soit sa famille qui vienne tout ravir sans raison apparente, sans tenir compte de l’épouse avec qui le défunt était marié sous un régime de la communauté universelle des biens et pire en rejetant les enfants, leurs neveux et nièces, leur sang.

Crédit photo : Carla Maba

Ma famille paternelle voulait tout avoir et laisser ma mère sans rien, elle qui s’est battu bec et ongle pour sa famille, elle a risqué sa vie pendant les guerres en Angola avec le règne de Jonas Savimbi, frôlant les crashs d’avion vers l’Afrique de l’ouest. Eh bien, ces efforts-là ne représentaient rien face à leur avidité de richesse, leur prétexte ? Eza biloko ya ndeko na biso (qui veut dire en français, ce sont les propriétés de notre frère).

Beaucoup de femme congolaise en même situation que ma mère en ce temps-là ne revendiquent jamais, en tout cas si elles le font, ce qu’elles sont très peu nombreuses, parce que souvent elles craignent les ‘’représailles spirituelles’’. Ma mère elle, en toute fervente chrétienne, avait affronté sa belle-famille car elle était dans ses droits de femme légitime et veuve, d’abord au service de succession à l’hôtel de ville de Kinshasa, puis aux différents cours et tribunaux. Les vas et viens aux tribunaux ont duré 2 ans. 2 ans de souffrance, de privation de beaucoup de chose, nous ne pensions même plus aux études, parce que notre maman se battait avec sa belle-famille pour des propriétés qui lui revenaient de droit. Incroyable non ?

Ma mère et moi lors de la défense de mon mémoire pour l’obtention du diplôme de Master en journalisme

Au finish, tout a été reparti équitablement. Beaucoup des personnes ne croyaient pas à un avenir tracé pour ma sœur cadette et moi, parce que dans nombreux cas lors du décès du père à Kinshasa, les enfants perdent complétement la boule, la maman ne se retrouve donc avec rien et pour les enfants c’est chacun pour soi. Mais notre cas était très différent, ma sœur et moi avions repris l’université et sommes aujourd’hui détentrices de deux diplômes de master dans deux différents domaines.Une fierté pour cette femme qui a vu ses efforts être récompensés.

Hommage à cette reine parce qu’elle avait pensé à notre futur, à notre vie après son départ. Elle n’est pas éternelle, elle est humaine, elle nous le répète chaque matin et soir, sa plus grande richesse qu’elle nous laisse n’est autre que la crainte de Dieu et les études que nous avons faite, car cela nous permettront de nous épanouir même loin d’elle. Elle nous a inculqué les bonnes valeurs, mais nous a également montré l’importance du travail de la femme.

Même si nous avons toutes grandi, on ne s’imagine pas un jour sans elle, elle fait toujours l’impossible pour nous, même si cela est au-delà de ses moyens, et de notre côté nous lui faisons toujours plaisir car elle est la seule perle qui nous reste et notre prière est qu’elle vive plus longtemps que notre père devenu étoile au ciel.

Crédit photo : Carla Maba

Aujourd’hui, elle nous encourage chaque jour à être des excellentes personnes, des femmes qui craignent le Seigneur, qui donne de la valeur au travail, car pour elle, on ne peut pas étudier un domaine puis rester volontairement à la maison prétextant qu’il n’y a pas du travail à Kinshasa, « eh bien s’il n’y en a pas, crée !» elle ne cesse de dire.

Si Dieu venait à refaire le monde et nous demandait à mes sœurs et moi de faire un vœu, ce serait un seul, que l’on renaisse des entrailles d’Hélène, notre Matriarche.

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