Mamitsho Pontshi : de pilote à la directrice générale adjointe de Congo Airways
Depuis près de cinq décennies, une citation célèbre restait graver sur les lèvres des plusieurs congolais : ‘‘ Mwasi atongaka mboka te’’. Cette expression tirée de la langue lingala veut littéralement dire « une femme ne peut diriger une Nation ou un pays ». Mamitsho Pontshi Lobo, 3è femme pilote congolaise d’aviation civile, a rayé de la carte professionnelle cette citation qui réduisait la Femme à une paresseuse sociale. Fort de ses années passées au commande des avions en RDC, Mamitsho Pontshi, surnommée « léopard volant » est nommée le 8 juillet dernier, sur ordonnance présidentielle, Directrice générale adjointe de la société Congo Airways.
De nos jours les domaines techniques intéressent de plus en plus les femmes, elles sont dans l’ingénierie, mécanique, électricité, menuiserie, pilotage etc, des métiers autrefois attribués aux hommes. Les femmes aujourd’hui ont brisé les barrières et se sont frayé un chemin jusqu’aux postes de direction dans divers domaines.
M. Ponsthi : Jeunesse et études
Originaire du territoire de Mweka dans la province du Kasaï, l’avenir de Mamitsho Pontshi était insoupçonné. Il y a 160 ans, ses arrière-arrière-grands-parents n’auraient jamais imaginé que l’une de leurs descendantes piloterait un airbus Congolais. Quatrième d’une famille de 7 enfants, d’un père ingénieur de l’office de route, Pontshi a vécu dans beaucoup de provinces du pays dans sa jeunesse suite au travail de son père.
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D’abord, quelques années suivant sa naissance, son père fut muté à kikwit, dans la province du Bandundu. Là, Mamitsho fait ses études primaires. Après avoir obtenu le maximum des pourcentages en quatrième année, elle est directement envoyée en 6ème (terminal), sautant ainsi une classe (5ème), elle décroche tranquillement son certificat d’études. A la fin de la 2ème année secondaire, sa famille est une fois mutée, mais cette fois ci à Mbuji-mayi, c’est là qu’elle fait ses humanités scientifiques en obtenant son bac en mathématiques physiques en 2001. Puis, une nième mutation de son père l’amène à Kinshasa. Amoureuse et passionnée de l’aviation, depuis ses 15 ans, elle s’inscrit à l’institut supérieur des techniques appliquées (ISTA) de Kinshasa où elle obtint son diplôme d’ingénieur technicien en aviation civile, option exploitation aéronautique en 2006.
Les motivations qui dicteront son choix de carrière professionnelle
Arrivée dans la province de Kasai lors de la 2ème mutation de son père, Mamitsho observe beaucoup de choses et fait deux constats, des constats qui constitueront sa plus grande motivation pour réaliser son rêve.
D’abord, elle remarque que les femmes sont très discriminées, réduites à des tâches ménagères, elles n’étaient pas assez considérées dans la société, elles n’avaient pas de mot à dire et rare c’étaient celles qui espéraient à une carrière professionnelle prometteuse car déjà elles ne faisaient pas des grandes études et moins encore des études à caractère scientifique. Ce constat était le stimulus qui l’avait poussé à faire des études scientifiques et elle termina parmi les meilleurs de sa promotion.
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Puis, elle constate que dans les avions, les pilotes n’étaient que des hommes et les femmes étaient à l’arrière comme des hôtesses pour préparer de quoi servir les passagers. C’est ainsi, qu’elle se décidera après son diplôme d’ingénieur technicien, de pousser plus loin ses études. Elle voyage pour l’Afrique du Sud pour poursuivre son rêve, celui de devenir pilote, elle s’inscrit dans une école privée chez Aero et termine à Air Safety où elle obtient sa licence de pilote professionnelle en 2010.
Une carrière professionnelle qui peine plutôt à décoller
A son retour au pays avec ses 230 heures de vol, le secteur du travail n’était pas du tout facilement ouvert à elle. En 2011, elle fait 3 mois à la Compagnie Goma Express, où elle fut découverte et est vite envoyée en formation aux Usa pour qu’elle se qualifie en HS 125-700, 800 et 800XP en 2012. Elle va de formation en formation, à son retour elle travaille chez Katanga Wings de 2012-2013, elle pilote des Hawkers 125-700 et 800, puis de 2014-2016, elle travaille chez Air Baraka. En 2016, elle fait sa qualification d’Airbus 318, 319, 320 et 321 chez ATCT en Tunis et rejoint enfin la Compagnie nationale d’aviation, Congo Airways, dont elle est Directrice Générale Adjointe aujourd’hui.
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Mentoresse des jeunes filles désireuses d’embrasser l’aviation
Secrétaire générale de l’association nationale des pilotes du Congo (ANPC) depuis 2013, activiste des droits de l’homme, Mamitsho mentore les jeunes filles désireuses d’embrasser l’aviation. Elle encourage les jeunes filles à avoir l’amour des études, du travail et à libérer leurs potentialités et devenir autonome. Mamitsho Pontshi se concentre également sur la promotion du genre, le développement communautaire, l’autonomisation économique des jeunes, aux droits à la santé sexuelle et reproductive.
De pilote à la DGA de la Compagnie Congo Airways
Depuis le week-end dernier, Mamitsho Pontshi, ayant à son actif plus de 2.600 heures, fait partie des femmes nommées à des différents postes de prises de décision. L’annonce a été faite par la lecture d’une série d’ordonnance présidentielle à la chaîne nationale. Nommée DGA de Congo Airways, Mamitsho a à travers son compte twitter remercié le Chef de l’Etat pour le choix porté sur elle et par la même occasion, elle a affirmé, qu’elle et son équipe travailleront pour redorer l’image de cette compagnie.
En effet, la nomination de Mamitsho au sein du comité directoire de Congo Airways, intervient au moment où la compagnie fait face à une forte faillite. Le 2 mars dernier un protocole d’accord avait été signé entre Congo Airways et A&M Development Group, 1.300.000.000 $ avait été injecté pour la relance de cette compagnie aérienne.
Le parcours de vie de Mamitsho Ponsthi Lobo, est une vraie école pour beaucoup de jeunes filles, elle inspire et motive d’autres personnes par sa détermination et persévérance d’avoir voulu réaliser son rêve, mais aussi à travers l’histoire de sa vie, elle conscientise les femmes à manifester l’envie de faire des grandes études et pourquoi pas rêver de faire partie de ceux qui prennent des décisions ? Aujourd’hui, les femmes n’ont plus de limites, alors rêvez grand et visez loin.
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