Prendre le bus à Kinshasa, un moment unique…

Se déplacer d’un endroit à un autre est souvent excitant, l’on peut faire les pieds ou prendre un train, une voiture, une moto, un tricycle ou encore un avion, bref tout ce que vous voulez. Dans cet article, je vous raconte l’expérience unique qui est de prendre le bus à Kinshasa, entre le débat du percepteur d’argent et tel monsieur, discussions entre clients sur le football ou la politique, la forte musique du chauffeur alors que vous êtes bloqués dans l’embouteillage et l’autre dame qui guette son voisin alors qu’il utilise son téléphone… Vous avez de quoi à embellir votre journée ou soirée. Rire !

Plusieurs personnes n’aiment pas prendre les bus à Kinshasa, avançant la raison de la promiscuité, l’étouffement, car plusieurs bus ne sont pas assez aérés et sont facilement coincés dans les embouteillages, provoquant parfois des suffocations. Mais ces gens ratent souvent la première et la dernière partie de leur journée, car prendre le bus à Kinshasa est simplement incroyable.

Ticket de bus

Le premier sujet des discussions est le prix du ticket fixé par le percepteur, qui d’ailleurs réclame l’argent avant qu’on ne monte dans le bus de peur que les passagers se révoltent une fois à l’intérieur. Chaque jour ces prix changent en fonction du moment de la journée, embouteillages, pluie, grève des chauffeurs, contrôle de l’assurance et vignette etc. Ces bus ne manquent jamais de clients, obligés d’aller au travail. Ces passagers, une fois monté, s’en prennent au percepteur et au chauffeur du bus. Là, le débat est lancé, du fil en aiguille, c’est la gestion du gouvernement qui est fortement critiquée avec tous les dossiers de détournement qui sont dévoilés chaque jour, la vie opulente des députés et ministres. Une vraie catastrophe !

Les débats tournent aussi autour du football, la rivalité entre les artistes musiciens Fally Ipupa et Ferré Gola… Des fois aussi, tout est calme et un passager qui s’avérait être pasteur s’élève et commence à prêcher Jésus-Christ, obligeant tout le monde à applaudir, dire Amen ou même chanter. Un moment gênant car souvent chacun des passagers monte à bord avec son humeur, ses préoccupations, et prend le trajet pour un moment idéal de réflexion.

Des guetteuses, dragueurs, mangeurs…

Cependant, dans les bus, il ne manque jamais de personnes qui guettent toujours dans les téléphones des voisins, allant même jusqu’à faire des commentaires sans se gêner. Il y a aussi cette catégorie des gens qui durant le trajet mangent des petits trucs, qui ayant une forte senteur, font saliver les gens dès le matin ; cet homme ou cette femme qui engueule le chauffeur parce qu’il ne veut pas baisser le volume de sa radio ; puis ces personnes qui parlent fort au téléphone, vous avez droit à entendre toute sa conversation téléphonique, sans le demander.

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L’on connaît aussi des gens pressés. Des personnes qui sont toujours en retard, qui estiment que le chauffeur ne roule pas vite, ou qu’il devait prendre tel ou tel tronçon pour accélérer. Malheureusement, les chauffeurs kinois sont parfois têtus et ils s’obstinent à leur trajectoire, même s’il vous arrive de passer deux heures dans l’embouteillage. Dans le bus, vous assistez aussi à des dragues, oui, l’amour c’est partout, vous entendez quand même comment le monsieur supplie la jolie voisine pour avoir son numéro de téléphone… Rire ! Les hommes me font parfois pitié.

Par ailleurs, prendre le bus à Kinshasa est en quelque sorte un moment de retrouvailles entre Kinois, où l’on partage de nouvelles, des idées, où aussi, on reste juste silencieux et on attend arriver à sa destination.

N’hésitez pas à prendre de temps en temps… Apprêtez-vous seulement à supporter des voisins épieurs… Mort de rire…